BELLA OLA Alexandre ( Moussa l’Africain – Paris 75019 )

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un chef bénit des dieux...africains! ©TB

Sacré Théodore ! On l’appelait « le blanc » parce qu’il maîtrisait l’art de la table. Il était cuisinier, maître d’hôtel pour les colons blancs au Cameroun. Théodore rêvait d’avoir un jour son propre restaurant, c’est Alexandre son fils qui va en faire une réalité. Mais le chemin sera long.

Alexandre Bella Ola, camerounais de naissance décide de venir en France pour être comédien. Plus précisément marionnettiste. Il réalisera très vite qu’il n’est pas fait pour tirer les fils.

Une étape à Nantes, puis l’institut d’étude théâtrale de la Sorbonne avec en parallèle le Conservatoire d’art dramatique de Paris.

Alex arrive sur un marché du travail saturé. Il s’en sortira dans des centres de loisirs pendant une douzaine d’années. Mais les gênes de Théodore le père se réveillent dans Alexandre le fils. Le projet d’ouvrir un restaurant avec son épouse Vicky, mijote. Il mijotera 3 ans. Alex, animateur jeunesse du côté de Mitry près de Roissy, prend un congé parental et, en juin 1994, trouve un local à Montreuil, brut de béton. « J’avais plein de théorie dans la tête. Toutes les recettes étaient conçues par moi, mais je n’y connaissait rien en cuisine ». Son restaurant, le Rio dos Camaraos, rivière de crevettes, le nom d’origine du Cameroun, va tourner plein régime pendant 6 mois. Mais les clients lassés de voir toujours passer les mêmes plats vont bouder l’établissement. C’est la catastrophe. On licencie le personnel, on tourne au ralentit pour tenter de sauver les meubles.

« J’ai réalisé, à ce moment là, explique Alexandre le malheureux, qu’il me fallait apprendre la cuisine. Que c’était un vrai métier. Que tout cela ne s’improvisait pas. »

Il va alors faire une série de stages, chez Robuchon , au CREA. Pendant quatre ans il va apprendre, tout en continuant à faire tourner le restaurant de Montreuil avec Vicky.

Au bout de ces quatre ans la machine est relancée, Alexandre le bienheureux, réembauche

Les 120 couverts sont atteints le midi. En 2003 il sort un livre « Cuisine actuelle de l’Afrique Noire » (voir dans notre rubrique les « livres ») paru aux éditions First.. Il reçoit le Grand Prix World Cookbook Awards la même année, dans la catégorie Cuisine étrangère. Ce jour là c’est Gagnaire pour « Sucré Salé » qui reçoit le Prix Cuisine française. Intervenant à l’Ecole supérieure de Cuisine Française, il propose une cuisine savoureuse et subtile, mêlant les épices et les produits typiques de l’Afrique Noire, pour offrir des saveurs aux parfums enivrants.

Alexandre est heureux, et comme un bonheur ne vient jamais seul voilà qu’il croise sur son chemin, l’ami Jean Luc Petitrenaud, qui, toujours aussi généreux mais qui sait détecter les talents, va lui donner un sérieux coup de main en l’invitant à ses émissions sur l’antenne d’Europe 1 et sur le petit écran.

Un vendredi 13 février c’est Yves Calvi qui l’accueille dans « C’est l’air du temps » sur la Cinq. « Le lendemain, se souvient Alexandre, c’était la Saint Valentin, je refusais du monde à Montreuil. J’ai alors rêvé d’entrer dans Paris ».

Avec l’aide d’un associé, il va trouver un établissement Porte de la Villette en face de la Cité des Sciences et c’est là au 25/27 Avenue Corentin Cariou, qu’il ouvre « Moussa l’Africain », le premier restaurant Africain de cette dimension dans la capitale. Alex vous surprendra par sa créativité culinaire (découvrez ses plats dans notre rubrique « recettes ») sa gentillesse et sa passion de la culture africaine.

A la tête de sa tribu, (Yves (19 ans), Yan (15 ans) et Yonni (12 ans) sans oublier Vicky, toujours fidèle au poste à Montreuil), le fils de Théodore réalise le rêve du père qui , je le sais, est fier de la réussite d’Alexandre l’Africain…

Thierry Bourgeon

Moussa l’africain

25-27, avenue Corentin Cariou

75019 Paris

Métro Porte de la villette

Tel: 01 40 36 13 00

Em@il: resa@moussa-lafricain.com

> voir le site

Alexandre Bella Ola raconte son parcours au micro de Thierry Bourgeon

2 Responses

  1. Marie-Victoire dit :

    J’avais découvert cette adresse grâce à un reportage de la Radio du Goût sur Mougins me semble-t-il. Autour d’un festival (culinaire bien sûr). Il y a quelques mois ; c’est déjà vieux… Par les commentaires alléchée, je suis allée chez Moussa l’Africain avec des amis. Comment résumer simplement ? Nous nous sommes fait plaisir. C’est le principal, n’est-ce pas ?

  2. Joëlle dit :

    Quel plaisir de lire ces bonnes nouvelles! J’habite Montreuil depuis des années, je suis allée plusieurs fois me régaler au Rio dos Camaraos, je garde un souvenir suave de la sauce aux graines de courge. Je me suis aussi procuré le livre Cuisine actuelle de l’Afrique Noire, c’est un livre d’une grande générosité qui ne se limite pas à un énoncé de recettes, baigné dans une liste d’ingrédients plus ou moins obscurs, non, non, c’est un « vrai » livre de cuisine qui raconte, explique, force le détail qui permet de « comprendre » au sens premier du terme, ils sont rares les livres traitant de la cuisine africaine, celui-là est un puits de découvertes et puis rien que pour les proverbes qui gansent l’ensemble, ça vaut le détour : « L’amour est comme un bol de miel empli de piment » Proverbe Wolof.(p.140).