En repassant par la Lorraine

Il y a un an, presque jour pour jour, la Lorraine faisait la une de la Radio du Goût (VOIR LE REPORTAGE). En octobre 2015, l’exposition Warhol Underground était à l’affiche du Centre Pompidou-Metz tandis qu’ à quelques centaines de mètres de là, le chef Christophe Dufossé régnait en maître sur les fourneaux de La Citadelle, lieu magique et quadruplement étoilé. Depuis, ces souvenirs mêlés nous taraudaient l’esprit . Il fallait revenir, aller plus loin, avec la promesse de découvertes multiples et étonnantes.

Tout recommence à Metz

Trois magnifiques journées d’automne nous ont comblé  au-delà de toute espérance. Retour au Centre Pompidou-Metz avec deux expositions:  Musicircus qui rassemble les œuvres phares du Centre Pompidou présentant les liens entre arts visuels et musique, à travers une quarantaine d’œuvres. Et  Entre deux horizons, Avant-Gardes Allemandes et Françaises du Saarlandmuseum.

 

Centre Pompidou-Metz

Deux expositions à ne pas manquer. A gauche : Vassily Kandinsky, Gelb-Rot-Blau, 1925. A droite : Alexej von Jawlensky, Scharrze Haare in gelbem Hintergrund (Chevelure noire sur fond jaune) 1912.

 

Précisions géographiques :  Saarland et sa capitale Sarrebruck. La Sarre est bordée par le Luxembourg, la Rhénanie-Palatinat et la Lorraine, elle même composée de quatre départements : la Meuse, la Meurthe et Moselle, La Moselle et Les Vosges. Rappelons qu’en France, les régions  Alsace (avec le Bas-Rhin et le Haut-Rhin), Lorraine et Champagne-Ardenne  portent désormais le  nom d’un point cardinal de Grand Est depuis le 1er janvier 2016.

 

Musicircus

Yves Klein, Anthropométrie de l’Epoque Bleue (ANT 82) 1960.

 

Après ces deux expositions et si vous avez un petit creux, ne quittez pas le Centre Pompidou-Metz sans avoir fait escale à La Voile blanche.  Le site est actuellement en construction mais c’est une jolie table. Vous avez sous les yeux un Carpaccio de Saint-Jacques aux Truffes.

carpaccio de Saint-Jacques aux truffes

Après le repas, alors que les couleurs de l’automne donnent un relief accru à l’architecture remarquable de Metz, quoi de plus naturel qu’une promenade digestive ? Metz est une très jolie ville aux grands espaces et larges avenues, mais le cœur historique voit les rues se rétrécir, accueillantes avec ses boutiques variées, ses magasins de bouche où dominent les spécialités locales, salées mais sucrées aussi car nous sommes en pays de mirabelles notamment, ses terrasses conviviales où pétille la bière. A deux pas, la Cathédrale Saint-Etienne de Metz et ses 6 500 m2 de vitraux. Quant à la hauteur sous nef, ses 45 mètres en font l’une des plus hautes cathédrales de France.  A voir, les vitraux de Marc Chagall.

cathedrale

La cathédrale de Metz

En mai 1877, un feu d’artifice tiré en l’honneur de l’empereur Guillaume II met le feu à la toiture de la cathédrale qui sera totalement dévastée, la cathédrale sera épargnée. A cette époque, à la suite de la guerre Franco Prussienne,  Metz, est alors allemande et ne redeviendra française qu’après l’armistice de  1918. Non loin  de la cathédrale, la petite église Saint-Maximin où se trouvent les seuls vitraux connus de Jean Cocteau. Orphée a inspiré le poète.

Après cette promenade, instant gourmand Chez Mauricette. Là,  un casse croute  revigorant vous attend, avec un petit verre de vin blanc ou rouge ou un verre de jus de pomme on ne peut plus naturel,  vous avez le choix. L’adresse ? Vous ne pouvez pas la louper :  Place de la Cathédrale, sous le  Marché Couvert.  Au passage, n’oubliez pas qu’en principe, il n’y a pas de fromage dans la Quiche Lorraine. Enfin, à vous de voir…

mauricette

Un casse-croûte chez Mauricette. Une adresse incontournable à Metz, sous le Marché couvert. Vous ne pouvez pas la manquer…

Comme ce fut l’objet d’un reportage en Octobre 2015, inutile de revenir sur La Citadelle où se termine cette promenade messine.  Deux mots simplement. Nous sommes ici dans le Haut de Gamme d’un 4 étoiles (pour l’instant, car tout augmente). C’est un zéro défaut persistant et continu qu’il s’agisse des deux restaurants  : Le très gastronomique Magasin aux Vivres ou La Brasserie située dans la même citadelle.  Moi, des citadelles dans ce genre, je veux bien y être captif. Sur le plan de l’Hôtellerie, chapeau à l’ensemble du personnel et aux petites intentions qu’il témoigne en permanence à notre égard.

 

 

 

Et le lendemain…

Au programme, une journée riche en histoire mais pas seulement. A 1h30 et à environ 115 kilomètres de Metz, au Sud-Est de Sarreguemines, la ville de Saint-Louis-Les-Bitche et sa célèbre manufacture devenue, deux siècles après sa création, Verrerie Royale de Saint-Louis par la grâce de Louis XV en 1767. Quinze ans plus tard, François de Beaufort y met au point la formule du cristal. Rebaptisée Cristallerie royale de Saint-Louis, la manufacture se consacre dès 1829 à la seule production du cristal et introduit notamment la notion du service de verres pour la table avec le célèbre modèle Trianon. Las, en raison de travaux en cours et pour des questions de sécurité, impossible de voir les verriers à l’œuvre (car même lorsqu’ils travaillent le cristal, ils demeurent des artisans verriers). En attendant de revenir sur place, le musée de la Manufacture présente un parcours des plus attrayants dans le monde fascinant du cristal. Un grand merci à Roger Levy, Président Fondateur du Musée La Grande Place et administrateur des Cristalleries de Saint-Louis pour sa passion et ses explications des plus …cristallines. Le site de la cristallerie.

 

cristal1

Quelques unes des plus belles pièces de la cristallerie dont, au centre, un lustre monumental.

 

Toujours né de la flamme et du feu

Cap sur Meisenthal où se trouve le Centre International d’Art Verrier. La verrerie de Meisenthal, née en 1704 dans le Massif des Vosges du Nord,  est le témoin du fantastique travail créatif d’Emile Gallé, chef de file de l’Ecole de Nancy. L’usine qui comptera jusqu’à 650 salariés et produira annuellement des millions d’objets usuels, ferme ses portes en 1969, laissant dans son sillage les souvenirs d’une aventure ouvrière désormais éteinte. En 1992, le Centre International d’Art Verrier [CIAV] voit le jour et allume un premier four de fusion, dans un des bâtiments de la friche du Site Verrier de Meisenthal.  et là nous allons voir de très près comment on travaille le verre en fusion. Sans surprise, il règne dans l’atelier, plus d’une trentaine de degrés, mais comment ne pas être fasciné par cette matière en fusion tellement liquide qu’on la compare au miel ?

verre2

Actuellement, on fabrique ici des boules de Noël. Juste retour des choses en quelques mots : sous la Renaissance, on parle de sapin de Noël dans les registres de la ville de Sélestat en Alsace. On décorait alors ce sapin avec des fleurs et des fruits, des pommes en particulier. Au XIX° siècle, un verrier allemand eut l’idée de fabriquer des noisettes en verre soufflé pour faire plaisir à ses enfants. Une dizaine d’années plus tard, une grande sécheresse priva les Vosges du Nord et la Moselle de pommes et de fruits en général, privant les sapins de Noël de ces décorations traditionnelles. Un artisan verrier de Meisenthal en Moselle fabriquera à son tour des boules en verre.

verre

Fabrication de Boules de Noël à la main. Centre International d’Art Verrier de Meisenthal.

 

Cap sur Baerenthal à une quinzaine de kilomètres de notre verrerie aux boules de Noël. Ici nous attend une adresse à retenir. Laure et Fabien Mengus vous invitent à la table de la somptueuse maison de L’Arnsbourg au cœur d’une nature luxuriante, l’institution révélée par la  famille Klein entreprend un nouveau chemin construit par des valeurs d’excellence, de terroir et de générosité, la signature Mengus. Mais plus qu’un long discours, voici quelques images :

 

larnsbourg1

Le restaurant à gauche et à droite Homard bleu & sa paëlla revisitée.

larnsbourg2

Préludes, Cabillaud laqué au poivron rouge, Délice exotique au chocolat… Ce n’est ici qu’un simple aperçu car il n’est pas possible faute de place de détailler comme il le faudrait chaque assiette.

lalique

Coupe présentée au Musée Lalique

 

 

Un mot pour le Musée Lalique.  Unique en Europe, le nouveau musée qui a ouvert en 2011 à Wingen-sur-Moder, dans le département du Bas-Rhin, est labellisé Musée de France. Il propose plus de 650 pièces exposées sur 900m² dans une scénographie résolument moderne. Dessins, bijoux, flacons, arts de la table, luminaires, vases, cristal sont autant de facettes de la création de René Lalique (1860-1945). Le musée Lalique de Wingen-sur-Moder a pris le parti de mettre en valeur l’ensemble de la création de l’artiste, en mettant principalement l’accent sur ce qu’est la production Lalique à Wingen-sur-Moder : le verre et le cristal.

 

Notre découverte se termine avec Sarreguemines et le Moulin de la Blies avec son Musée des Techniques Faïencières, son Jardin des Faïenciers et le Musée de la Faïence au centre de Sarreguemines. Le Moulin de la Blies a été, entre 1825 et 1969, l’une des nombreuses unités de fabrication de la Faïencerie de Sarreguemines et élu 9ème monument préféré des Français en 2015 sur France 2. Le musée de la Faïence est installé dans les anciens appartements de Paul de Geiger, directeur des Faïenceries de Sarreguemines.

 

 

Le musée, mémoire de cette industrie qui a fait la renommée de la ville, possède de riches collections de céramiques, qui témoignent de la diversité des styles proposés par la faïencerie pour couvrir tous les goûts et besoins de sa clientèle en matière de décoration et d’arts de la table. Faïence, grès ou porcelaine, toute la gamme des produits céramiques est représentée. La pièce la plus précieuse des collections du musée ? Son jardin d’hiver, construit en 1880 dans les anciens appartements de Paul de Geiger, directeur des Faïenceries de Sarreguemines entre 1871 et 1914 et classé Monument historique.

 

faience

Différents aspects du Musée des Techniques Faïencières du Moulin de la Blies.

Note gourmande en ce jardin d’hiver avec le Faïencier de Sarreguemines, un délice né de l’inspiration de Dominique Bucci, pâtissier à Sarreguemines, et qui regrettait que sa ville ne possédât pas une spécialité gourmande  aux saveurs de la Lorraine. C’est désormais chose faite. La gourmandise aux couleurs de la mirabelle, souple, fraiche, légèrement acidulée porte sur le dessus une reproduction de la fontaine du Jardin d’Hiver en chocolat. C’est un bonheur.

 

faiencier

Dans le décor somptueux du jardin d’hiver, Dominique Bucci, artisan pâtissier, présente son Faïencier de Sarreguemines. Le motif gravé sur une plaque de chocolat posée sur la pâtisserie est la reproduction de la fontaine représentée ici à gauche.

 

Deux bonnes adresses à noter à Sarreguemines mais il y en a beaucoup d’autres  :  l’Auberge Saint Walfrid, qui allie un charme très cosy à une table raffinée – l’une des découvertes vraiment exceptionnelles de ce voyage, un véritable coup de cœur et la Brasserie du Casino qui vaut elle aussi que l’on s’y arrête.

Pour préparer votre séjour : Sarreguemines Tourisme mais aussi Moselle Tourisme

 

Gérard Conreur, La Radio du Goût – 15 octobre 2016

 

 

3 Responses

  1. Gerard Conreur dit :

    Bonjour et merci pour votre message. Je répare tout de suite la petite coquille que vous me signalez. Effectivement, il s’agit de la Meuse et non de la Meurthe. Bien cordialement.

  2. Valérie dit :

    Superbe sujet qui donne à découvrir cette région trop méconnue où il fait bon vivre et qui offre de bons et beaux produits traditionnels.
    Une erreur à corriger dans les précisions géographique : le département de la Meuse au lieu de Meurthe.
    Merci à vous.