Les 50 meilleurs restaurants mondiaux: non-sens pour les critiques français

Le classement des 50 meilleures tables de la planète, publié lundi par la revue britannique « Restaurant », est un non-sens pour de nombreux critiques gastronomiques français qui le jugent « absurde », « grotesque » et surtout arbitraire.

Cette liste, établie par 800 « experts gastronomiques » internationaux et qui exclut cette année les Français des dix premières places, fait figurer le bistrot parisien d’Inaki Aizpitarte, le « Chateaubriand », devant des multi-étoilés comme Pierre Gagnaire, Pascal Barbot, Alain Ducasse ou Joël Robuchon.

« C’est gentil pour lui, mais c’est consternant », soupire Jean-Claude Ribaut, critique du quotidien Le Monde, évoquant la « cuisine approximative » de cette table « attrape-bobos ».

Ce classement est une « farce », une « escroquerie », souligne-t-il auprès de l’AFP. Chaque juré doit citer cinq noms et les 50 les plus cités sont retenus. « Ca marche très bien pour établir la notoriété d’une lessive. Mais quand il s’agit de restaurants, on se retrouve simplement avec les plus connus, les plus à la mode », souligne M. Ribaut, estimant aussi que l’exercice « exacerbe les nationalismes » comme une compétition sportive.

Pour François Simon du Figaro, le classement est tout simplement « idiot » : « Il n’existe pas de meilleur restaurant au monde », fait-il valoir.

La place du « Chateaubriand » comme premier des restaurants français relève d’un « surréalisme poilant », note-t-il dans un billet publié mercredi, rappelant avec humour qu’en 2002 déjà, la brasserie « La Coupole » s’était retrouvée devant le restaurant gastronomique « L’Ambroisie ».

François-Régis Gaudry, de L’Express, dénonce sur internet cette « opération douteuse, habilement déguisée en baromètre infaillible de la gastronomie mondiale » qui n’est « en fait que la chambre d’enregistrement du buzz médiatique, avec ses modes, ses effets de loupe, ses engouements excessifs, ses humeurs moutonnières et ses petites manoeuvres ».

S’il salue le « talent ahurissant » d’Inaki Aizpitarte, le fait qu’il « coiffe au poteau une armée de toques triplement étoilées (…) cache en réalité des méthodes contestables », affirme le critique, expliquant notamment que les jurés n’ont pas à présenter la preuve qu’ils ont mangé dans les restaurant cités.

Pour Marc de Champérard, qui publie un guide gastronomique annuel, ce classement « grotesque » dont les jurés sont « principalement anglo-saxons » est bien trop subjectif. « Est-ce que cela a encore un sens de dire qu’untel est meilleur qu’un autre? Est-ce qu’on établit un classement annuel des meilleurs philosophes, romanciers, peintres ? Avez-vous trouvé cette année Sollers meilleur que d’Ormesson? C’est pitoyable », s’emporte-t-il auprès de l’AFP.

Le restaurant danois « Noma », du chef René Redzepi, a pris la première place du classement 2010, succédant à « El Bulli » du Catalan Ferran Adria, vainqueur des quatre précédentes éditions et qui se retrouve en 2ème place.

Sur les dix premiers du classement, l’Espagne compte quatre tables, les Etats-Unis trois, ainsi qu’une table danoise, britannique et italienne.

 Gersende RAMBOURG (AFP)