Clémentine de Corse : n’attendez plus…!

©G.C/laradiodugout.fr

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L’hiver est la saison bénie des agrumes. Après la Toussaint, les premiers frimas voient apparaitre, par bonheur ou par magie, sur les étals de nos marchés, ces boules de Noël végétales dont les écorces, du jaune pale à l’orange chaleureux en passant par le carmin des sanguines, brisent la grisaille de jours trop courts à la végétation moribonde.

La santé au bout de la branche

Ces agrumes au zeste parfumé sont de véritables trésors de santé et de fraicheur qui n’ont rien à envier aux mets raffinés qui seront bientôt les vedettes de nos tables de fêtes. Mieux, le canard adore l’orange et la noix de Saint-Jacques s’accommode à ravir d’un filet de jus de mandarine et d’une très fine julienne de son zeste. Parmi ces agrumes qui vont du Kumquat, « orange d’or » en cantonais à la main de Bouddha à l’extraordinaire saveur aromatique recherchée en pâtisserie, la clémentine de Corse que nous sommes allés cueillir pour vous au sud de Bastia, en Haute-Corse, dite aussi Corse orientale.

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Hâtez-vous, braves gens, la clémentine de Corse n’attendra pas votre bon vouloir bien longtemps, c’est durant deux mois, et durant deux mois seulement, novembre et décembre, que vous pourrez profiter de ce fruit généreux à la saveur si délicate qui se déguste à toute heure de la journée. Le matin il tonifie les petits déjeuners. A midi, il ouvre l’appétit. L’après-midi, il brisera net le grignotage insidieux. Toujours, il délivrera ses vitamines A et C, potassium et acide folique. Deux petits fruits suffisent à couvrir la moitié des besoins quotidiens en vitamine C. Et chaque clémentine ne « pèse » qu’un peu moins de 25 calories. N’hésitez pas à glisser quelques clémentines dans le cartable de vos enfants pour l’heure de la récré. La clémentine s’épluche facilement et en prime parfume les doigts. Dans les souvenirs scolaires de mon enfance, il y a toujours ce gamin qui déposait quelques écorces d’agrumes sur la plaque brulante du vieux calorifère qui trônait au beau milieu de la classe sans se douter un instant qu’un demi siècle plus tard, il ferait sa page d’écriture sur les senteurs subtiles après l’orage qui baignent les vergers de Corse. Même parfum éphémère de l’écorce qui se tord et supplantait pour un instant celui de l’encaustique de nos pupitres d’école.

La French Clémentine

Précision : la clémentine de Corse est la seule clémentine produite en France.

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Elle est facilement reconnaissable à ses feuilles très fines et longues qui l’accompagnent mais aussi et surtout par son célèbre « cul vert » qui atteste d’une maturation naturelle sur l’arbre et non en chambre froide. Ce « cul vert » peut représenter jusqu’au cinquième de la surface de l’épiderme du fruit. Enfin elle est dépourvue de pépins. Attention cependant: toutes les clémentines que l’on trouve sur nos marchés ne viennent pas de Corse même si elles sont accompagnées de quelques feuilles vertes. Et donc et comme toujours il vaut mieux lire les étiquettes. Ce qui plaide en faveur de la clémentine de Corse par rapport à ses concurrentes, c’est sans doute aussi une culture plus respectueuse de l’environnement. Faut-il rappeler que la Corse est une île et que la culture des agrumes se trouve donc relativement épargnée par les maladies comparativement aux autres régions agrumicoles.

Quelques chiffres

Côté chiffres : la Corse produit 17 à 20 000 tonnes de clémentines chaque année, soit 8% de la consommation française.

récolte ©G.C/laradiodugout.fr

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C’est la deuxième activité agricole de l’ile après l’activité viticole. 90% de la production est sous IGP (Indication Géographique Protégée) depuis 2007 et très récemment, c’était en octobre 2014, un cinquième de la production arbore désormais le renommé Label Rouge français qui signe des produits aux qualités gustatives exceptionnelles. L’an dernier, la consommation de clémentines (toutes origines confondues) s’est élevée à 8 kilos par ménage français. Alors après tant de bonnes raisons, faut-il hésiter un instant à en consommer davantage ?

Un zeste d’histoire

Mais au fait, d’où vient la clémentine ? Réponse : de l’autre côté de la Méditerranée et c’est un hybride naturel. Elle serait apparue il y a un siècle environ dans la plantation d’un orphelinat de Misserghin près d’Oran en Algérie. C’est le frère Clément qui dirigeait les cultures de l’orphelinat qui découvrit un arbre différent des autres dans la plantation des mandariniers de semis (non greffés).

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Arbre qui donna des fruits plus précoces, plus sucrés et plus acidulés avec une écorce très fine dont les enfants de l’orphelinat raffolèrent. En 1902, une première étude est publiée par la société horticole d’Alger mais il faudra attendre un siècle plus tard, en 2002, pour que le patrimoine génétique de la clémentine soit établi par les chercheurs du centre INRA de Corse : il s’agit d’un croisement naturel entre la mandarine commune et une orange douce. Le premier clémentinier est introduit en Corse en 1925 et quatre ans plus tard, en 1929, on se souviendra du frère Clément en donnant le nom de Clémentine à ce fruit juteux et sans pépin que nous apprécions tant aujourd’hui.
En 1964 après l’indépendance de l’Algérie, la clémentine sera développée plus massivement en Corse comme nous le rappelle au beau milieu de son verger des environs de Santa-Lucia-di- Moriani, en Haute Corse, Jean-Paul Mancel, président de l’Aprodec, l’Association de promotion et de défense de la clémentine de Corse. Il précise aussi l’origine de la petite feuille qui accompagne le fruit :

Jean-Paul Mancel au micro de Gérard Conreur…

A peine récoltée, à la main et en ménageant deux petites feuilles, la clémentine sera dirigée vers la station de conditionnement où chaque lot sera identifié précisément. La traçabilité est essentielle.

station de conditionnement ©G.C/laradiodugout.fr

L

La station de conditionnement est celle de Jean-André Cardosi, également producteur. Elle est située route de Linguizetta, à Linguizetta. Les fruits seront d’abord triés à l’œil et à la main puis calibrés et enfin conditionnés avant de prendre le chemin de la distribution.

calibrage ©G.C/laradiodugout.fr

calibrage ©G.C/laradiodugout.fr

Seuls les fruits de bel aspect et sans défaut feront ce dernier voyage en direction de vos papilles…

DECOUVREZ, EN VIDEO, LE FONCTIONNEMENT DU CALIBRAGE

Reportage de Gérard Conreur pour La Radio du Goût 27/28 novembre 2014