Sandra NITESCO | UN BRIN D’ANETH ET DE CIEL BLEU

Edition : l’Harmattan

Genre : Cuisine roumaine

Sanda Nitesco, avec  » ‘Un brin d’Aneth et le ciel bleu », lève le voile, et c’est par la porte de la cuisine qu’elle invite le lecteur à pénétrer dans l’intimité d’une famille roumaine : la sienne. Celle qu’elle a laissé à Bucarest, lorsqu’elle est venue s’établir à Paris dans les années 60, grâce à une bourse du gouvernement Français. Elle était peintre alors, et, lorsqu’elle a décidé de ne pas retourné dans son pays, c’est pour conjurer la souffrance de l’exil qu’elle a entamé un retour aux sources à travers le souvenir des gouts et des odeursqui ont bercé son enfance et son adolescence. De cette nébuleuse que demeure encore pour un grand nombre d’entre nous  » les pays de l’Est » émerge la puissance d’un terroir, la richesse d’une culture et d’une tradition qui nous ressemble et dont l’Histoire nous tenait éloigné.

On y découvre, entre autres influences slaves, toutes celles de la Méditérranée. La Grèce, l’Italie, la Turquie, la France, prennent place à sa table, mais à sa manière. rien ne nous est étranger dans cette manière. pas même les personnages, hauts en couleur, qui nous ramènent à nos souvenirs d’en france : une Mama forte en gueule et joviale, armée d’une cuiler en bois, rouge de la chaleur du foyer, allant et venant sans relâche derrière un fourneau ronflant comme celui d’une fonderie.

A l’évidence, « Un brin d’Aneth et le ciel bleu » est bien autre chose qu’un simple recueil de recettes, même si elles sont aisément réalisables.——– La truculence d’Esti rappelle la Françoise chère à Marcel Poust, et le livre s’ouvre sur un extrait du « Temps retrouvé » : la fameuse expérience de la madeleine. La référence est claire. Elle l’est davantage quand on sait que le manuscrit a été rédigé en Français avant d’être traduit en Roumain. Non content de se delecter du parfum de l’aneth, dont l’auteur admet qu’il est l’aromate national, de celui de l’oignon blondi  » du riche fumet des sarmalé longuement mijotées dans le vin blanc », le lecteur découvre la poésie et la beauté d’une langue parfaitement maitrisée, d’un style personnel : un vrai style d’écrivain.

Dis moi ce que tu manges et je te dirai ce que tu es.

Mieux qu’une autre forme d’Art, celui de la cuisine livre l’identité et l’âme d’un peuple. Une table bien ou peu garnie parle de tradition et de culture. Ce que le talent de Sandra Nitesco nous en dit donne l’envie de connaître d’avantage cette Roumanie qui est la sienne et dont la mémoire nous est si familière.


1 Response

  1. Agnès CHARBONNIER dit :

    Ma très Chère Sanda,

    Il y a si longtemps que je te cherche, que deviens tu si loin (apparemment si près). Enfin je te retrouve dans un domaine que nous affectionnons particulièrement n’est-ce-pas !… « la Cuisine »… je te reconnais bien là, que de souvenirs !!!. Quel bonheur, mais il est vrai que : « la vie est une drôle de cuisine… ».
    Je t’embrasse bien affectueusement.
    A très bientôt j’espère. Agnès (alias Nanou)