Armagnac. On ne déguste pas ici seulement un pur alcool mais aussi une aventure humaine

collection armagnac  ©BNIA

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La plus vieille eau-de vie de France – dont les écrits du prieur d’Eauze, petite ville du Gers, dès 1310, ont vanté les vertus thérapeutiques de ce jus blanc sorti de l’alambic en cuivre, – marie et conjugue tradition et modernité en dépoussiérant de ses oripeaux le spiritueux gascon pur nectar du cépage typique Baco qui est aujourd’hui au coeur d’un travail de thèse. Tout en tenant compte des conséquences du gel et de la grêle de ces dernières années sur le vignoble de la côte Gascogne et en s’adaptant à l’inexorable réchauffement climatique.

« Aujourd’hui, on devient moderne et vivant en tenant compte des enjeux qualitatifs et collectifs autour de la filière pour une meilleure notoriété face aux nouvelles tendances de consommation où ici et là on boit moins mais mieux » déclare Jérôme Delord, le nouveau président du BNIA (Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac) lors de la conférence de presse du 15 décembre à Paris au club We Are.
conférence ©BNIA

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cocktails armagnac ©BNIA

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Ayant enfin tiré la leçon des années 1980 où l’économie de l’armagnac s’était effondrée par manque de valorisation, de communication et de modernité. Quinze millions de bouteilles étaient encore vendues en France en 1980 contre seulement un peu plus d’un million aujourd’hui. Ce qui expliquerait un stock de 159 506 hl en 2021.

A l’export, où 1,57 millions de bouteilles d’Armagnac (sur un chiffre global de 3,7 millions de bouteilles), ont été vendues en 2021 pour un chiffre d’affaires de plus de 20 millions d’euros les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Chine et la Russie sont les marchés les plus porteurs. « Le marché américain est celui le plus prometteur car on a affaire à des connaisseurs » précise J. Delord. Tandis que la Russie savoure l’Armagnac en le rattachant au mousquetaire gascon d’Artagnan. Sorte de madeleine gasconne à la Poutine.
Bref, plus question si j’ose dire, avec le programme « Ambition Armagnac 2030 », de vivre comme jadis cachés et heureux en Gascogne, surtout à l’heure de la mondialisation et de la communication tous azimuts sur les réseaux sociaux.  « Il nous faut partager nos connaissances empiriques de l’alambic et vendre notre savoir-faire Armagnac dans les écoles agricoles », conclut le nouveau président qui ne manque pas d’ambition pour son produit fétiche et identitaire et veut rendre sa filière encore plus attractive tout en s’adaptant aux instants de consommation post-moderne.
Christian Duteil/ La Radio du Goût/ décembre 2022