La crise sanitaire mondiale devient aussi alimentaire

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La commission des affaires économiques vient d’alerter le 25 novembre la ministre Barbara Pompili sur l’impact de la flambée des prix des énergies sur les ménages et les entreprises.
Avec la pandémie, les prix des céréales, du sucre, de la viande, des fruits et des légumes flambent en effet dans les pays en développement. Pas seulement ceux du gaz, de l’essence et de l’électricité en cette fin 2021. La pauvreté s’emballe et, avec elle, l’insécurité alimentaire, souligne de son côté « Courrier international » dans sa vaste revue de presse.
Depuis le ler novembre, un avis officiel publié sur le site du ministère du Commerce chinois invite très directement les ménages à « stocker une certaine quantité de produits de première nécessité afin de faire face aux besoins quotidiens et aux cas d’urgence » selon une dépêche de l’Agence France Presse (AFP). Le prix de 28 produits alimentaires de base s’est envolé de 16% entre le ler octobre et le ler novembre, d’après les statistiques officielles… Et le ministère du Commerce de demander aux autorités locales de juguler cette hausse accentuée par de inondations qui ont ruiné les récoltes cet été, et de veiller sur les réserves et l’approvisionnement. L’éternel problème de la faim et des moyens…dans cet « Empire du Milieu » qui a toujours souffert de famines endémiques. « XI, chef de l’étal », titre avec une férocité ironique le  « Canard enchaîné ». Il en faudrait moins, dans les pays européens, pour provoquer la panique et une ruée vers les supermarchés.
« Ce qu’il y a de particulier, en ce moment, c’est que les prix montent et qu’en même temps les revenus des gens ont été laminés », explique Arif Huain, économiste en chef au Programme alimentaire mondial des Nations-unies (PAM). L’association des deux phénomènes, hausse de prix et absence de pouvoir d’achat, est une bombe à retardement ». Et « The Wall Street Journal » de préciser : « En 2020, la pandémie a fait basculer jusqu’à 12,4 millions de personnes dans l’extrême pauvreté ».
Les Anglais aussi sont confrontés à un risque de pénurie alimentaire. Chez eux, c’est le poulet, leur « viande préférée », selon « Le Monde », qui commence à manquer.
Une chaine de fast-food, Nando’s, a fermé provisoirement 50 de ses 100 restaurants, faute de matière première. Motif invoqué : la pénurie de main-d’oeuvre. L’industrie alimentaire, et particulièrement les « usines à rouler », où les salaires sont traditionnellement bas, a du mal à recruter. Mais les serveurs aussi se font rares, depuis le Brexit, car les candidats à ces postes, souvent venus de l’Europe de l’Est et d’autres pays pauvres, ont le plus grand mal à venir travailler en Grande-Bretagne.

La sécheresse et l’appétit glouton des Chinois expliqueraient en partie la hausse du cours du blé sur les marchés mondiaux et bientôt par ricochet le prix chez le boulanger de la baguette. En deux ans, de juillet 2019 au 18 août 2021, le prix de la tonne de blé est passé de 170 à 250 euros, soit environ 50% de mieux. Et ce « bond », écrit « Le Monde », ravit les céréaliers ». Notamment français. Il devrait moins ravir les consommateurs prévoyants; qui craignant une pénurie de pâtes alimentaires, outre une augmentation du prix de quelques centimes par paquet, risquent de se ruer  dans les rayons des super-marchés. Enfin, ceux qui auront leur pass sanitaire…

Christian Duteil/novembre 2021/laradiodugout.fr