Adieu Monsieur Millau!

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le salut de l’artiste ©DR

« Tu ne cuisineras pas trop », « Tu utiliseras des produits frais et de qualité », « Tu allégeras ta carte », « Tu élimineras les sauces riches »… Tels étaient les préceptes qu’il avaient énoncé dans son manifeste pour une Nouvelle Cuisine française, en 1973. Christian Millau (de son vrai nom Christian Dubois-Millot) , figure de proue de la critique culinaire est mort à l’âge de 88 ans, samedi dernier. Avec son comparse, Henri Gault (mort en 2000), il avait mis sur pied le guide Gault et Millau, concurrent du Michelin, en 1969.

Aujourd’hui distribué dans 12 pays, ce guide gastronomique français est encore le témoin du courant qu’il a lancé pour une cuisine allégée et inventive, s’appuyant sur l’oeuvre de quelques chefs qu’il a découverts, comme Michel Guérard et Joël Robuchon, avec le concours de Paul Bocuse.
« J’ai beaucoup de chagrin« , confie le chef français Michel Guérard. « C’était un homme admirable. C’était un écrivain, un critique gastronomique de talent. Il savait goûter, il savait écrire »
Christian Millau a « amené toute une écriture sur les chefs« , dit Thierry Marx

Août 2017/laradiodugout.fr

Une vie pour le bon goût

christian millau portrait

© Archives DR

Né le 30 décembre 1928 à Paris, Christian Millau avait commencé sa carrière en 1947 comme journaliste et grand reporter, travaillant durant plusieurs décennies dans plusieurs quotidiens et magazines, notamment Le Monde, l’Express et Le Point.

Il avait rejoint en outre en 1951 la revue littéraire Opéra, dirigée par l’écrivain Roger Nimier. Il y fréquente toute une génération de romanciers qui ont marqué les années 1950, opposés à l’existentialisme de Sartre qui les avait surnommés les Hussards.

Christian Millau avait raconté cette aventure dans « Au galop des hussards », paru en 1999 chez De Fallois et qui avait reçu le prix de la biographie de l’Académie française.

C’est en 1969 que sa carrière prend un tournant décisif lorsqu’il lance avec Henri Gault, avec lequel il écrivait déjà depuis onze ans des critiques gastronomiques dans « Paris Presse », le Gault et Millau. D’abord sous la forme d’un magazine mensuel (le « GaultMillau ») qui devient un guide annuel à partir de 1972, le « Gault&Millau ».

Là où le Michelin se concentrait sur les fameuses étoiles, les deux compères épicuriens apportent un vrai style, et des commentaires personnels, partageant leurs coups de coeurs et leurs coups de gueule avec les lecteurs.

« Ce que Millau a révolutionné avec Gault, c’est réellement l’écriture et la chronique, plus que la critique. Gault et Millau – Millau était réellement la plume – ont apporté l’aspect humain de ce métier, et en servant d’intermédiaire entre les clients et les restaurateurs, ils ont fait beaucoup pour rapprocher ces deux mondes », explique Marc Esquerré, rédacteur en chef du Gault et Millau.

« Christian Millau est éternel. Cher Christian, que serais-je sans toi? », lui a rendu hommage son confrère Gilles Pudlowski, auteur des guides Pudlo, sur twitter.
© 2017 AFP