L’anguille en « danger critique d’extinction »

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Plus aucune anguille dans nos assiettes, Et ceci n’est pas « une anguille sous roche » !

C’est la promesse faite ces derniers jours par plus de 3.500 chefs d’établissements renommés, de relais et châteaux.. Tous ont répondu à un appel lancé fin septembre par l’association Ethic Ocean. Il faut dire que l’anguille va mal, se fait de plus en plus rare et risque bientôt de disparaître. Elle est classée espèce « en danger critique d’extinction » par l’Union internationale de conservation de la nature et continue de souffrir de la surpêche.
Auguste Escoffier la préparait en roulade à l’ancienne, cuite dans un fonds de mirepoix au vin de Chambertin. En matelote, elle est mijotée en ragoût, au vin blanc ou rouge et jus de cuisson lié. L’anguille a toujours appartenu à la tradition de la grande cuisine française, même si ce n’est pas un poisson toujours très apprécié des consommateurs.
Si l’on mange et déguste de l’anguille depuis toujours, il faut s’arrêter désormais, car l’espèce est menacée d’extinction pure et simple. « Nos réserves ne sont plus là, et on atteint la limite, explique le chef étoilé Thierry Marx. L’anguille ne se reproduit pas en captivité, donc si on ne laisse pas l’écosystème se reconstituer, il n’y en aura plus du tout avant deux ans . »
Pourtant l’Europe, saisie par des associations de défense de la nature qui réclament l’interdiction de la pêche à l’anguille, l’Europe refuse de prendre des mesures drastiques. « C’est toute la frilosité que l’on ne comprend pas, se désole Thierry Marx. L’Europe a des grands mots sur l’impact environnemental et la défense de la nature, or elle ne fait pas le nécessaire. On a su sauver le thon rouge, mais le cabillaud a disparu en mer du Nord. »
Pour tirer la sonnette d’alarme, sensibiliser les politiques et mobiliser l’opinion publique, plusieurs grands chefs étoilés ont décidé de ne plus cuisiner d’anguilles et le font savoir, comme le rapportent, par exemple, nos confrères de France Bleu… qui ont appris, comme nous, que le latin anguis, « serpent », a donné le diminutif anguila, anguille et qu’anguille a peut-être hérité de la réputation de tromperie liée au serpent.
Christian Duteil/janvier 2024/laradiodugout.fr