La filière noix en pleine crise

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Nouvelle opération coup de poing/ casse noix des nuciculteurs, cette fois-ci à Paris, pour alerter sur la situation difficile de leur filière en pleine tourmente.  A l’appel de la Coordination rurale, les producteurs de noix venus du Périgord et de Corrèze se sont donnés RV le lundi 22 mai sur le parvis de la gare Saint Lazare pour une vente à prix coûtant, avec des dégustations gratuites pour sensibiliser les passagers et les Parisiens à leur problème tout en leur faisant goûter en direct leur produit vedette de qualité. Ils sont arrivés en tracteurs, avec des centaines de tonnes de noix qu’ils ne parviennent plus à écouler, en raison d’une surproduction en 2022 et de la féroce concurrence étrangère du Chili et de la Californie.
« On bosse pour des noix, ça suffit ! » Les producteurs français de noix, favorisés par une récolte record l’an dernier (50 000 tonnes) qu’ils n’avaient pas prévue, font face à la dégringolade des prix et sont désormais contraints de vendre à perte. La fragilité de la filière, peu visible lorsque la production est plus faible, éclate alors au grand jour et qu’on apprend que les deux tiers des noix sont exportés.
En France, premier producteur européen de noix avec 38 000 tonnes/an en moyenne, la production se concentre en Rhône-Alpes, Aquitaine et Midi-Pyrénées. Après une saison 2020-21 où les confinements avaient conduit à une consommation record à domicile, l’année suivante a été plus morose, alors que la production progressait de 30%. Le pays exporte des noix (21400 tonnes en 2021) mais importe des cerneaux (12.000 tonnes), selon les données du ministère. D’importants stocks de qualité dorment dans les fermes et les coopératives, qui devront libérer leurs chambres froides avant la récolte des fruits d’été. Si la hausse de 40% de la production peut théoriquement compenser le recul des prix payés aux producteurs, encore faut-il en vendre. Or, les consommateurs ont réduit de leurs achats de 20% sur l’automne-hiver 2022, autant en grandes et moyennes surfaces à cause de la baisse du pouvoir d’achat des ménages.
La filière en crise réclame des aides au stockage et à la promotion, qui pourraient s’appuyer sur les atouts santé de la noix (riche en oméga 3). Dans l’urgence, la question se pose de retirer du marché une partie des volumes pour le désencombrer. Les producteurs demandent à l’Etat de verser une aide équivalente à 1,20 euros le kilo pour pouvoir retirer du marché leurs noix qui, d’ici trois semaines, ne seront plus de qualité. Ils réclament aussi un meilleur encadrement des récoltes à venir et des quantités importées.

Christian Duteil/ La Radio du Goût, mai 2023

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