L’oeuf et la poule à la chaîne

poules pondeuses à flux tendu ©DR

poules pondeuses à flux tendu ©DR

Pour faire de l’oeuf la protéine animale la moins chère, l’industrie volaillère a transformé les poules en machine à pondre. Elles ont été génétiquement modifiées pour atteindre 320 oeufs par an, quand les poules sauvages en plein air plafonnement à 20 en moyenne. Cette cadence infernale, stimulée par une alimentation hyper-énergétique et une luminosité accrue dans les poulaillers industriels à la chaîne, oblige la poule à puiser dans ses réserves de calcium pour fabriquer la coquille de ses oeufs, ce qui favorise l’ostéoporose. Ses os fragilisés cassent donc plus vite.

Facteur aggravant : pour augmenter encore un peu plus la productivité, les poules sont programmées pour fabriquer leurs premiers oeufs beaucoup trop tôt. Elles pondent dès 16 semaines, alors que leur croissance osseuse n’est pas achevée avant 35 semaines.
Autre souci dicté par notre société de consommation du toujours plus : les oeufs sont plus gros pour disposer de plus de blanc et de jaune, alors que, dans le même temps, la taille des volailles industrielles a été rétrécie pour pouvoir en entasser un maximum…. dans un espace confiné. Résultat : au moment de la ponte, le squelette de la poulette fragilisée, trop petit, se casse.
Une équipe de vétérinaires de l’université de Copenhague a ausculté 4800 poules dans 40 élevages du Danemark et découvert que 85% d’entre elles souffraient de fractures du bréchet, l’équivalent de notre sternum chez les volailles.  Et ces chercheurs danois notent qu’on a créé ainsi de super pondeuses « pathologiques » dont la morphologie inadaptée à la taille des oeufs provoque de douloureuses fractures à répétition.

Non seulement les poules sont déglinguées pour pondre toujours plus dans un espace confiné et peu naturel, mais elles attendent toujours que le gouvernement ponde un décret interdisant l’élevage en cage promis par le candidat Macron en 2017. Une lueur d’espoir dans les poulaillers, toutefois à l’approche de la présidentielle 2022 où la lutte des classes a fait la place à la lutte des places… comme dans nos poulaillers industriels. Dans un récent sondage Ifop qui devrait faire plaisir à  Brigitte Bardot dans son éternel « combat » en faveur des animaux, 47% des Français déclarent qu’ils vont regarder la place occupée par la cause animale dans les programmes avant de glisser leur bulletin dans l’urne. Certains risquent d’y laisser des plumes, conclut « Le Canard », le palmipède satirique, qui parle en connaissance de cause et avec la bénédiction castratrice de notre BB nationale. Au risque de plomber l’ambiance… déjà bien électorale, avec son lot de coquilles… démagogiques.

Christian Duteil/novembre 2021/laradiodugout.fr

 

On n’arrête pas le progrès. Regardez ce document de l’INA tourné en 1981 sur l’oeuf en barre!