Ca cloche toujours à la cantoche !

  1. ©DRAlors que six millions d’élèves retrouvent en cette rentrée scolaire le chemin de la cantine, l’Ademe, l’Agence de la transition écologique, vient de mettre les pieds dans le plat en publiant un rapport sur la restauration scolaire qui montre que ça cloche encore à la cantoche.
Petit rappel : en octobre  2018, la loi Egalim promettait que, d’ici 2022 au plus tard, toutes les cantines de France et de Navarre serviraient une alimentation « saine, de qualité et durable ». Vaste et ambitieux programme nutritionnel ! Objectif affiché : 50% de produits durables et de qualité, dont 20% de bio.
Une promesse en l’air, selon l’Ademe. Comme l’écrit l’Agence, seule une « minorité » de cantines est actuellement dans les clous, et la plupart d’entre elles « partent de zéro ou presque ».  D’abord, mettre dans l’assiette des produits de qualité et du bio, ça coûte plus d’oseille, alors que les budgets sont riquiqui. En moyenne, un gestionnaire de cantine scolaire ne dispose pour faire ses courses, que de 2,07 euros par repas. Une des astuces pour soulager le porte-monnaie, c’est de limiter la part de nourriture gâchée, mais aujourd’hui encore, un tiers des denrées servies à la cantine part à la poubelle. Un gaspillage qui fait un bond de 42% dans les collèges lorsque, une fois par semaine, est servi le « menu végétarien » imposé par la loi Egalim. Et puis, changer les habitudes en cuisine, ce n’est pas du gâteau…
Le combat pour un repas équilibré à la cantine ne date pas d’hier, même s’il peut paraître surréaliste aux anciens qui étaient moins gâtés « Nous avons crevé de faim pendant la guerre, plus quelques années après l’armistice. Les macaronis que nous mangions, pensionnaires, à la cantine du lycée, fourmillaient d’asticots. Ah, la biodiversité. », se souvient, avec un zeste d’humour, le philosophe contemporain  Michel Serres. En 2011, le gouvernement avait dû dégainer un arrêté pour que soit enfin appliquée une circulaire vieille de dix ans qui recommandait de mettre un peu plus de légumes dans les assiettes et moins de poisson pané, de steaks hachés lestés de gras, de nuggets ou de desserts artificiels bourrés de sucre.

S’il faut autant de temps pour faire appliquer la loi Egalim, les élèves demi-pensionnaires à la cantine » n’ont pas fini de déguster….

Christian Duteil/ septembre 2021/laradiodugout.fr